Le Conseil des Enfants s’est montré hier particulièrement préoccupé par la violence
En amont de la séance plénière les jeunes « conseillers » ont joué le jeu… Photos Patrice SAUCOURT
« Au moins, eux, n’ont pas de posture politicienne ».
Et c’est en homme politique que Mostafa Fourar, adjoint à l’éducation,
a apprécié cette fraîcheur du verbe qui, hier, était privilégiée au
sein d’un conseil assez rare : le Conseil des Enfants.
Malgré
une forme la plus proche possible d’un traditionnel conseil municipal,
la séance plénière s’épargnait en effet les usuels effets de manche et
passes d’armes agaçantes du genre politique. Car cette fois les « élus
», réunis au nombre d’une quarantaine, avaient la spontanéité de
l’enfance. Issus des 22 écoles publiques de Nancy, ils ont la
particularité d’avoir, durant l’année, participé au sein de leurs
établissements à des « ateliers Citoyens ». Cette année, compte tenu
des événements dramatiques, un thème de travail avait été suggéré
autour du « Vivre ensemble », décliné en quatre axes : civilité,
écocitoyenneté, droits de l’enfant et loisirs.
Monde aveugle
Ces ateliers, intégrés sur la base du volontariat, ont
été lieux de débat, mais aussi de projets dûment matérialisés. L’école
La Fontaine, par exemple, a réalisé une mascotte géante flanquée d’un
slogan signé Gandhi : « Œil pour œil finira par rendre le monde aveugle
».
L’école Jules-Ferry a imaginé un jeu de l’oie à
questions multiples autour des activités périscolaires (anglais, échec,
sciences), quand l’école Braconnot concevait « L’abécédaire du vivre
ensemble ». Et la plupart des établissements ont contribué, via des
articles ou jeux, à l’élaboration d’une revue d’ailleurs distribuée
hier : « Les P’tits élus nancéiens ». Où beaucoup se sont inquiétés de
la violence à l’école, à l’image du petit Paul Carré, 9, ans ½, élève
de Braconnot, qui confiait que « ça se bagarrait souvent là-bas,
surtout pendant la cantine. »
Hier, projets et réflexions ont donc fait le tour du
Conseil, où ces petits citoyens d’aujourd’hui appelés à dessiner demain
ont, à leur façon, posé le verbe sur la table. « Quand on y réfléchit,
ils sont plus sérieux que les adultes », a pu constater Mostafa Fourar
qui présidait aux débats. « Et surtout, étant désignés par leurs pairs
pour venir les représenter ici, sans en connaître le mot, ils font déjà
l’expérience de la démocratie participative. » Autrement dit ils jouent
déjà le jeu, sans tomber dans les travers… du jeu politicien.
Lysiane GANOUSSE