Convention
citoyenne pour le climat, Il faut sauver la loi climat, L'Affaire du
siècle Climat : 5 points clés du rapport du GIEC
Le 9 août 2021
Le changement
climatique n’est plus une menace hypothétique ; c’est une réalité qui
se manifeste aujourd’hui, sous nos yeux. Une réalité documentée et
étudiée année après année par des milliers de scientifiques, dont les
travaux ont été scrupuleusement analysés et synthétisés par le Groupe
d’expert·es intergouvernemental sur l’évolution du climat (GIEC). Cet
organisme onusien, chargé d’évaluer l’état des connaissances sur
l’évolution du climat, ses causes et ses impacts, vient de publier la
première des trois parties de son sixième rapport d’évaluation,
consacrée aux « éléments scientifiques » sur le dérèglement climatique.
Un état des lieux implacable et plus alarmant encore que les
précédents. Nous avons résumé pour vous cinq points clés de ce rapport.
1- L’influence humaine sur le climat est un fait établi et indiscutable
Ce n’est pas un
scoop. Le dernier rapport du GIEC confirme ce que pointaient déjà les
précédents rapports : il ne fait plus aucun doute que ce sont les
activités humaines qui sont à l’origine d’un réchauffement global de
l’atmosphère, des océans et des terres. De nouvelles études
approfondies et des nouvelles données sont venues étayer nos
connaissances sur les liens entre émissions de CO2 liées aux activités
humaines, dérèglements climatiques, phénomènes météorologiques extrêmes
et impacts, notamment à l’échelle régionale. Grâce à de nouveaux outils
et à des méthodes plus précises, les scientifiques ont pu établir des
liens directs entre des événements extrêmes précis, comme la vague de
chaleur en Sibérie en 2020, et le dérèglement climatique.
2- Le changement climatique est sans précédent et plus rapide que ce qu’on craignait
Depuis le rapport
d’évaluation de 2014, la planète a connu un réchauffement sans
précédent : les cinq dernières années ont été les plus chaudes jamais
enregistrées depuis au moins 1850. Les changements climatiques
constatés ces dernières années sont tout simplement inédits dans
l’histoire de l’humanité. La hausse du niveau de la mer s’est
considérablement accélérée (trois fois plus rapide par rapport à la
période 1901-1971), de même que la fonte des calottes glaciaires (celle du Groënland a fondu six fois plus vite entre 2010 et 2019 que durant la décennie précédente).
3- Des points de basculement aux conséquences imprévisibles risquent d’être atteints
Des changements
profonds et à long terme sont déjà à l’œuvre de façon irréversible,
souligne le rapport du GIEC : fonte des glaces, hausse des températures
et du niveau de la mer, acidification des océans… Mais l’ampleur et la
rapidité de ces changements dépend directement des émissions de CO2 que
nous continuons à rejeter. Avec une hausse continue de ces émissions et
des températures, des conséquences jusque-là jugées peu probables ne
peuvent être exclues. Plus la planète se réchauffe, plus des points de
basculement (tels que la disparition de la forêt amazonienne ou de la calotte glaciaire antarctique) risquent de se produire, leur accumulation pouvant avoir des conséquences aussi irréversibles qu’imprévisibles.
4- Il est encore possible de maintenir la hausse des températures sous 1,5°C, mais…
Dans son rapport
spécial sur les conséquences d’un réchauffement planétaire de 1,5 °C,
publié en 2018, l’organisme onusien estimait que cette limite serait
dépassée entre 2030 et 2052, si l’on ne corrigeait pas la trajectoire
actuelle. Des études plus récentes démontrent que les délais sont en
fait plus serrés : si nous voulons avoir au moins 50 % de chances de
limiter le réchauffement à 1,5°C, il ne nous reste plus que 440 Gt de
CO2 à émettre à compter de… 2020. Or, sur la seule année 2019, les
émissions mondiales dépassaient 40 Gt de CO2. En restant sur cette
trajectoire, le budget carbone pour limiter la hausse des températures
à 1,5°C sera épuisé dès le début des années 2030. Techniquement,
l’objectif de +1,5°C reste possible mais, contrairement à ce qu’affirme
la ministre française de l’Environnement Barbara Pompili, les données
scientifiques démontrent très clairement qu’on ne peut pas se permettre
« d’attendre encore un peu » et « d’y aller tranquillement », quel que
soit le domaine.
5- Inaction et retards ne font qu’augmenter les risques jour après jour
Le GIEC le rappelle
encore dans son dernier rapport : les différences entre un changement
climatique à +1,1°C (seuil désormais atteint, par rapport à la période
pré-industrielle), +1,5°C ou +2°C sont considérables. Même à +1,5°C, des phénomènes météorologiques extrêmes et inédits sont susceptibles de se produire plus fréquemment et plus intensément.
Chaque dixième compte. Or, d’après nos analyses, en l’état actuel des
politiques (ou de l’absence de politique) climatiques, nous nous
dirigeons tout droit vers un scénario catastrophe à +2,9°C. Même si
toutes les promesses des gouvernements étaient tenues, avec la mise en
œuvre de mesures adéquates, la probabilité de dépasser une hausse de
2°C serait de 80%.
Le mandat du GIEC
n’est pas de faire des recommandations politiques ni de prescrire des
mesures. Mais le constat sans appel qu’il vient de détailler, basé sur
des connaissances et des données scientifiques rigoureuses, devrait
faire réagir l’ensemble des responsables politiques. Il est absolument
vital que les gouvernements s’alignent sur un objectif à 1,5°C et
revoient leurs plans en conséquence, notamment à l’occasion de la COP26
qui se tiendra à Glasgow en novembre.
A la lecture de ce
nouveau rapport du GIEC, toute inaction de leur part serait d’autant
plus coupable. Déjà condamné en juin 2021 par le Conseil d’Etat à
mettre en place « toutes mesures utiles » pour le climat sous neuf mois, le gouvernement français ne prend toujours pas la mesure des enjeux.
Il n’a toujours pas révisé son objectif de réduction des émissions de
gaz à effet de serre (-40 % d’ici à 2030), alors que l’Union européenne
s’est fixé l’objectif de -55 % (qui demeure somme toute insuffisant).
Il a fait adopter en plein mois de juillet une loi « climat et
résilience » très peu ambitieuse, sans mesure structurante et très
insuffisante pour réduire les émissions de gaz à effet de serre à des
niveaux satisfaisants. Et il continue de soutenir, avec des fonds
publics, les secteurs les plus polluants.
Le gouvernement a
pourtant tous les éléments scientifiques sur la table pour agir en
connaissance de cause. Il n’a aucune excuse.
Pour lire le rapport complet du GIEC : Première partie du sixième rapport d’évaluation du GIEC (en anglais)
Photo : Feux de forêt en Sibérie, juillet 2020. © Julia Petrenko / Greenpeace